Résumé : |
Nous avons assisté, au cours des années quatre-vingt, à un renouveau des luttes collectives en France. Celles-ci, animées par des "coordinations" ne sont pas sans poser des problèmes aux appareils représentatifs traditionnels. L'essor des coordinations atteste, en effet, l'érosion du phénomène syndical en France.
Véritables paradigmes, les coordinations offrent au chercheur l'opportunité d'analyser et de mesurer la nature et le degré de la transformation des rapports sociaux et de l'engagement collectif.
Symptômes des difficultés structurelles rencontrées par le syndicalisme, les coordinations ne sauraient, pour autant, être réduites à de simples manifestations de la crise vécue par les syndicats. A l'intérieur du champ des luttes sociales, les coordinations expriment un "au-delà" de la seule contestation syndicale ou de la simple prise en compte du dysfonctionnement du syndicalisme; en particulier, sous la forme d'une mise en place de pratiques alternatives au niveau des modes d'organisation, d'action et de représentation. Ces différents modes, même s'ils sont inachevés et s'ils ne rompent pas complètement avec la pratique syndicale, font de la forme coordination, une référence comme modèle alternatif de mobilisation.
L'approche qui traite des coordinations en termes de crise du syndicalisme, si elle est la plus évidente, n'est néanmoins pas unique. L'avènement des coordinations est constitutive d'autres dimensions. Celles de l'organisation du travail, de la profession et de l'évolution de la reproduction sociale nous semblent les principales.
Moins classique qu'il ne le paraît, le terrain de la mobilisation des coordinations s'articule, explicitement ou non, autour de notions comme celles de responsabilité, de dignité et de reconnaissance, notions qui témoignent du sentiment d'insatisfaction ressenti par les acteurs sociaux à l'égard de professions qui ne correspondent pas, socialement, à ce qu'ils en attendent individuellement et, en tant qu'agents de l’État, à la conception qu'ils se font de leur mission au sein du secteur public. |