Résumé : |
Depuis Pierre le Grand, à la suite diverses guerres contre la Turquie, la Russie est parvenue à s'implanter sur le littoral de la mer Noire et à obtenir le passage dans les détroits. Mais de là à réaliser l'ambition clairement exprimée par Catherine II en 1787 : "Les Turcs seront chassés de Constantinople, l'Empire de Byzance rétabli, un grand duc russe instauré Basileus", il y a un pas que les puissances occidentales ont toujours refusé de franchir ! Elles l'ont laissé s'étendre vers l'océan Pacifique, la Suède, la Pologne, la Perse, l'Asie Centrale, mais quand il s'est agi du Bosphore, elles sont intervenues militairement et politiquement. Les Russes à Constantinople ? Jamais.
En 1854, une nouvelle tentative russe scelle une alliance entre la France et l'Angleterre, qui entrent en guerre aux côtés de la Turquie. Cette guerre de Crimée, qui s'achève 2 ans plus tard par la victoire de Sébastopol, fait de Napoléon III l'arbitre de l'Europe, à laquelle il a rendu la paix.
L'histoire de cette guerre, qui s'est déroulée pour l'essentiel en mer Noire, mais aussi en mer Baltique, en mer Blanche et dans l'océan Pacifique, n'a guère inspiré nos historiens. A une époque où nous assistons à un pas en avant de la Russie soviétique vers les mers libres, l'histoire de la guerre de Crimée se révèle des plus passionnantes et fort instructive. Le capitaine de vaisseau René Guillemin, qui se confirme à cette occasion dans ce livre, tant sur les fronts des combattants, que sur les ponts des navires et dans les cabinets des ministres et des souverains. Les marines étaient alors en pleine mutation, entre l'âge de la voile et l'âge de la vapeur, du canon et de la cuirasse. Le télégraphe électrique bouleversait les données du commandant en reliant les capitales occidentales au commandant en chef de l'armée en campagne. Mais pas encore au point d'empêcher celui-ci, le général Pelissier, de refuser d'obéir. Recevant de Napoléon III l'ordre de lever le siège de Sébastopol, il lui répondit : "L'éxécution de vos ordres est impossible." Puis il enleva la forteresse ! La presse, chose inimaginable auparavant, publiait des nouvelles des opérations fraîches de 48 heures ! Et pour la première fois, des milliers de blessés connaissaient l'avantage de l'anesthésie !
"La guerre de Crimée" : l'histoire d'un coup d'arrêt à l'expansionnisme russe, une histoire dont le souvenir se limite trop souvent aujourd'hui à l'image du zouave légendaire qui veille sur les flots de lSeine au Pont de l'Alma ! |